Outarde canepetière

Présentation

L’outarde canepetière (Tetrax tetrax) est une espèce originaire des steppes semi-arides qui s’est facilement acclimatée aux plaines cultivées françaises. Cet oiseau de taille moyenne se fait très discret grâce à son plumage mimétique. Le dos brun clair légèrement tacheté de brun foncé lui permet de se fondre aisément dans la végétation. Le dessous du corps et les flancs sont d’un blanc immaculé ou moucheté chez la femelle. Lors de la période de reproduction, le mâle arbore un plumage nuptial (collier noir et blanc) le différenciant aisément de celle-ci.

Deux sous-populations se distinguent en France, l’une sédentaire en région méditerranéenne (Provence, Languedoc) au sud de la France et l’autre migratrice à l’ouest. Cette dernière passe l’hiver en grande majorité en péninsule Ibérique avant de migrer vers les plaines du Centre Ouest de la France (Poitou, Centre, pays de la Loire).

Écologie

La migration prénuptiale a lieu de mi-mars, pour les individus les plus précoces, à début mai pour les plus tardifs. Peu de temps après leur arrivée, les mâles occupent et défendent un territoire sur lequel ils effectuent leurs parades nuptiales (chant, saut, vol de poursuite…).

Ces places de chants sont généralement cantonnées autour des principaux noyaux appelés « leks », aires de parade au sein desquels gravitent généralement les femelles.

La période de ponte s’étale de mai à fin juillet avec un pic entre le 15 mai et le 10 juin puis début juillet où 75% des pontes sont réalisées. Les couvées, de 3 à 4 œufs en moyennes, sont déposées dans une dépression au sol pour une période d’incubation de 21-22 jours. Les jachères, prairies et friches constituent des parcelles propices à l’installation et à l’élevage des jeunes, qui se déroule de début juin à fin août. Les poussins quittent le nid et se nourrissent surtout de sauterelles et de criquets le premier mois avant d’adopter le même régime phytophage (herbivore) que les adultes, principalement constitué de légumineuses et de graminées.

Tendances

La population migratrice de l’Ouest de la France a connu un déclin de l’ordre de 96 % de ses effectifs ces 15 dernière années (Bretagnolle et al., 2011). Ce déclin est essentiellement dû à la perte d’habitat et à la raréfaction des ressources alimentaires dans les milieux agricoles. L’outarde canepetière est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées de l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Classée comme « quasi menacée » à l’échelle mondiale, l’espèce est considérée en France comme « en danger » et en « danger critique d’extinction » pour la population migratrice du Centre Ouest, dernier échelon avant d’être considérée comme espèce éteinte. (Inventaire National du Patrimoine Naturel., 2012).

Statuts et protection

L’outarde canepetière bénéficie d’une protection juridique intégrale au niveau international (Annexe II de la convention de Berne, Annexes I et II de la convention de Washington), Européen (Annexe I de la directive Oiseaux) et Nationale (arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection).

La Champeigne tourangelle accueille aujourd’hui la population migratrice la plus septentrionale d’Europe de l’Ouest. Ce plateau céréalier de l’est tourangeau a été classé en tant que Zone de Protection Spéciale le 25 avril 2006 intégrant ainsi le réseau des 22 autres ZPS instaurées pour la protection de l’outarde canepetière et comptant parmi les 16 zones de protection prioritaire.

Actions

Depuis 2006, La LPO Touraine contribue à l’animation et au suivi de ce site Natura 2000 avec 3 autres structures : la SEPANT, la Fédération des Chasseurs d’Indre-et-Loire et la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire, structure animatrice. Les rôles de la LPO Touraine sont divers : elle encourage et accompagne les exploitants dans la contractualisation en MAEC (mesure agroenvironnementale et climatique) en faveur de l’outarde (dates de fauche, localisation, protection des nids…), prend part aux débats avec les acteurs locaux et siège aux différents comités de gestion de la ZPS (COmité de PILotage, Comité Technique Local…).

Depuis 2011, la LPO Touraine est financée pour assurer un suivi hebdomadaire des places de chant des mâles afin d’évaluer les effectifs de la population reproductrice et adapter les mesures de gestion en faveur de sa conservation. Elle réalise également 2 comptages postnuptiaux destinés à dénombrer l’ensemble des individus en fin de saison, et estimer le succès de reproduction des oiseaux. Ces comptages sont également possibles grâce au soutien de nos bénévoles (19 participants en 2017).

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