Surprise de Noël dans un refuge LPO

Surprise de Noël dans un refuge LPO

Le matin du 24 décembre, en pleine tempête, sous la pluie et le grand vent, nous avons vu arriver un écureuil sur les branches dégarnies de l’arbre le plus grand du jardin, juste en face des fenêtres de notre maison. Il s’est installé dans le nichoir le plus grand et le plus haut de ce cerisier. Toute la matinée, le corps bien à l’abri, il a passé la tête dans le trou d’envol et observé les allées et venues dans le jardin. Nous avions un œil sur nos préparatifs culinaires et l’autre sur les jumelles pour admirer sa jolie tête.

Ce nichoir avait été installé il y a plusieurs années. Il était destiné à une famille de rouges queues, un pic épeiche avait agrandi le trou d’envol, sans doute pour y élever ses petits, mais il a changé d’avis.  Des étourneaux l’avaient visité.

Début décembre, nous avions remarqué les allées et venues d’un écureuil, nous pensions alors qu’il remplissait ce nichoir pour en faire un garde-manger. Depuis Noël, chaque matin, dès potron minet (NB : Sur  l’expression « Dès potron minet » A l’origine, dès le XVIIe siècle, cette expression se disait « Dès potron-jacquet », le jacquet étant l’écureuil, qui a  la particularité de commencer à s’activer dès l’aube. Quant au mot potron, il est une déformation de « poistron » qui vient du latin « posterio» qui veut dire « postérieur » ou « derrière ». L’expression originale veut donc dire « Dès que l’écureuil sort de son sommeil et  montre son popotin en se déplaçant ») on peut apercevoir sa silhouette en ombre chinoise courir sur les branches. Dans la matinée, on s’aperçoit que l’entrée de son gîte est obturée par des fibres, il est revenu dormir, discrètement.

Parfois, le matin, il observe à nouveau le jardin, longuement. Sa petite tête sort du trou d’envol, on voit ses petits yeux noirs, attentifs aux mouvements des occupants du jardin. C’est la première fois qu’un écureuil s’installe chez nous. Habituellement ils se contentent de cacher noix et noisettes dans les parterres. C’est ainsi que le jardin s’enrichit en noisetiers et noyers qui fourniront, dans quelques années, des provisions à ces beaux petits mammifères roux.

Un rival à plumes ?

Récemment, notre attention a été attirée par les déplacements d’un pic épeiche dans le cerisier de l’écureuil. Le pic, qui avait découvert les noisettes déposées dans une mangeoire pour le joli mammifère roux, venait les chercher les unes après les autres puis tentait de les casser… sur une branche juste au-dessus du nichoir occupé par l’écureuil. Celui-ci n’était pas content !

Il est resté longtemps à sa fenêtre, bien après que le pic épeiche ait abandonné.

D’autres hôtes du jardin.

En automne, nous avons vu, en plein jour, de jeunes hérissons, nés tardivement qui cherchaient des insectes et des limaces dans l’herbe du jardin. Cette recherche diurne, inhabituelle, montrait qu’ils étaient affamés. Ils ont apprécié les croquettes pour chat déposées devant eux. Selon les conseils trouvés dans la Hulotte, nous avons mis des croquettes dans des récipients protégés par une assiette renversée pour que les chats du quartier ne les mangent pas et un autre récipient avec de l’eau. Tous les soirs nous entendions le bruit de l’assiette soulevée qui glisse puis celui des dents qui croquaient bruyamment. Nous voyions alors l’un ou l’autre des hérissons bien installé au milieu des croquettes. Ils faisaient plusieurs passages dans la nuit, en complément de ce qu’ils avaient pu trouver sous les feuilles mortes ou dans les touffes d’herbe.

Nous ne voyons plus de hérissons depuis les premières gelées. Nous espérons qu’ils ont pu faire suffisamment de réserves de graisse pour l’hibernation. Sinon, dès que le temps redeviendra doux, s’ils ont faim, ils chercheront à nouveau de la nourriture. Les croquettes seront un dépannage en attendant que limaces et insectes abondent à nouveau. Nous espérons qu’ils pourront ainsi continuer à fréquenter notre refuge et peut être, eux aussi, comme leur mère, y installer un nid au pied d’une haie touffue pour élever des petits.

Une musaraigne carrelet a découvert la réserve de croquettes : elle se glisse sous  l’une des assiettes, devant la baie vitrée, parfois en plein jour.  Nous lui avons fait un « restaurant privé » protégé des chats, sous un auvent de pierres plates dans le massif de lierre touffu, là où nous savons que vivent des musaraignes, nous entendons parfois leurs cris.

Il y a quelques jours, c’est une silhouette inhabituelle qui nous a surpris. A quelques mètres de la petite mare dans laquelle les batraciens vivent et se reproduisent tranquillement, une aigrette garzette arpentait le jardin. Après l’avoir admirée, nous avons dû la faire fuir car les tritons palmés sont actifs à cette période.

Ces visites surprises sont une inépuisable source de petits bonheurs et nous encouragent à laisser plus de  place aux espèces végétales et animales dans le jardin.

Micheline, propriétaire d’un Refuge LPO en Indre-et-Loire