Restauration des continuités écologiques sur le Changeon et la Roumer

Présentation

La LPO Touraine en partenariat avec ANEPE Caudalis, la SEPANT et la Société Herpétologique de Touraine a répondu en mai 2018 au second appel à initiatives pour la biodiversité porté par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne (AELB).

Ce projet inter associatif inédit porte sur le complexe du Changeon et de la Roumer situé en zone Natura 2000 et au cœur du Parc Naturel Régional Loire-Anjou-Touraine. Il repose sur deux volets principaux :

  • 1) restaurer les trames & continuités écologiques dans les vallées,
  • 2) réhabiliter les cœurs de biodiversité localisés.

La philosophie du programme est donc de restaurer et reconnecter des habitats entre eux dans un premier temps et secondairement préserver la faune et la flore en danger qui s’y trouvent, dont 13 espèces d’intérêt communautaire actuellement recensées.

Au delà du partenariat inter-associatif, le programme est bâti en pleine et active concertation avec les acteurs du territoire : le Parc Naturel Régional Loire-Anjou-Touraine, la Communauté de Communes Touraine Ouest Val de Loire, le Conservatoire d’Espaces Naturels Centre-Val de Loire, le Syndicat Mixte du Bassin de l’Authion et de ses Affluents (SMBAA), l’association Sauvegarde Biodiversité Loire Anjou Touraine Nord et encore les 9 mairies et collectivités concernées.

Budget final du projet : 56 958 € dont 80% financés par l’AELB et 20% par la Fondation Groupe EDF.

 

 

Enjeux du programme :

Les vallées du Changeon et de la Roumer forment un complexe d’habitats naturels abritant une faune et une flore d’intérêts national à européen. La présence de cette biodiversité est étroitement liée aux zones humides et à leurs zones d’influence (berges et prairies) pour la plupart en déprise avec la disparition de l’élevage. Ce programme vise à étudier et identifier les cœurs de biodiversité restants, et engager des travaux de restauration favorisant la fonctionnalité et les continuités écologiques entre ces sites.

Parmi les acteurs de cette biodiversité remarquable, citons en premier lieu la Cigogne noire Ciconia nigra, espèce nicheuse inscrite à l’annexe I de la directive Oiseaux, l’Azuré de la Sanguisorbe Maculinea teleius classé « En danger critique » en région Centre-Val de Loire (« vulnérable » en Europe et en France) et dont le complexe abrite l’une des 2 dernières populations régionale, le Trèfle d’eau Menyanthes trifoliata ou encore l’Aconit napel Aconitum napellus pour la flore patrimoniale.

L’Ecrevisse à pieds blancs Austropotamobius pallipes considérée comme une espèce indicatrice du bon équilibre de l’hydrosystème aurait disparue du bassin versant, et nous alerte sur l’érosion bien réelle de cette biodiversité…

Une vallée autrefois ouverte et consacrée à l’élevage…

Les travaux entrepris le siècle dernier sur le recalibrage du lit mineur et la création d’aménagements hydrauliques, dont beaucoup ont été laissés à l’abandon par leurs défunts propriétaires, ont ainsi fortement altéré la continuité écologique du cours d’eau. Les prairies attenantes sont aujourd’hui laissées en friche ou ont été reconverties en peupleraies suite à l’importante déprise agricole récente. Cette évolution des activités humaines engendre une réalité : la fermeture progressive de la vallée et un appauvrissement des milieux rivulaires abritant de nombreux enjeux écologiques. Ainsi, les prairies du fond de vallée ne couvraient déjà plus que 15 % de la surface du site Natura 2000 en 2008 ! Celles gérées par la fauche sont pourtant d’intérêt européen : Prairies de fauche à Avoine élevée et Prairies humides à Jonc acutiflore pour les plus humides.

Les prairies pâturées sont elles aussi d’intérêt communautaire, du moment que celles-ci sont soumises à un faible chargement. Malheureusement, l’élevage et le pâturage ont quasiment disparu sur ce secteur, malgré un soutien. Quelques mégaphorbiaies subsistent (0,5% du site en 2008) au sein de jeunes plantations de peupliers et de forêt alluviales, alors qu’elles constituent elles aussi un habitat d’intérêt européen. L’habitat favorable à l’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale (berges végétalisées ouvertes) risque également de disparaitre progressivement et justifie l’intervention d’entretien sur les berges, prévue dans le cadre des chantiers de restauration. Ceci profite également à plusieurs espèces de mammifères semi-aquatiques comme le Campagnol amphibie Arvicola sapidus.

Déroulé du programme

L’appel à projet se déroule sur une période de deux ans initialement planifiée d’octobre 2018 à octobre 2020. En raison des deux périodes de confinement liées au contexte sanitaire, la fin du projet est repoussée à 2021 pour les dernières actions restantes :

Les actions du programme de 2018 à 2021 :

  • Pré-localisation et identification des zones de ruptures écologiques.
  • Repérage et délimitation des parcelles à restaurer (plantations, broussailles, friches, prairies…).
  • Identification des zones prioritaires selon une analyse multicritères (ex : présence d’espèces patrimoniales, présence d’habitats menacés, proximité avec un réservoir de biodiversité, etc.) selon la méthode proposée par le guide de hiérarchisation des zones humides de l’Agence de l’Eau.

Étude, validation et restauration des sites prioritaires par le COPIL et COTECH

  • Animation territoriale visant à identifier les exploitants et les propriétaires qui seraient intéressés par la démarche.
  • Evaluation sur le terrain du potentiel de restauration de prairies humides sur les sites identifiés (cartographie des habitats et pédologie). Participer à l’inventaire des zones humides.

Actions en cours de réalisation :

  • Accompagnement de propriétaires pour la gestion des espaces en restauration.
  • Accompagnement technique sur le volet biodiversité et le suivi des travaux.
  • Evaluation des enjeux faunistiques et floristiques le long des corridors concernés par les travaux, et mise en place de protocoles de suivi et d’évaluation des travaux.
  • Actions de communication avec communiqué de presse, animation et événement de clôture.

Le programme en action :

Un grand merci à tous les partenaires techniques, institutionnels, financiers, territoriaux et aux bénévoles !