Cette année encore, aidez-nous à empêcher la chasse d’oiseaux en danger

Cette année encore, aidez-nous à empêcher la chasse d’oiseaux en danger

Avant le 28 juin 2021, participez à 4 consultations publiques sur des projets d’arrêtés ministériels relatifs à la chasse d’oiseaux menacés en France pour la saison 2021-22.

Courlis cendré (Numenius arquata) - Crédit photo : Aurélien Audevard / LPOCourlis cendré (Numenius arquata) – Crédit photo : Aurélien Audevard / LPO

Le Ministère de la transition écologique et solidaire vient de lancer 4 consultations publiques sur des projets d’arrêtés relatifs à la chasse en France métropolitaine pour la saison 2021-2022 .

Deux arrêtés prévoient de reconduire pour 1 an (soit jusqu’au 30 juillet 2022) la suspension de la chasse de la Barge à queue noire et du Courlis cendré. Pour ces deux espèces menacées, nous vous invitons à donner un avis favorable, en demandant toutefois que la durée de ces moratoires soit portée à 3 ans.

Les deux autres arrêtés concernent les chasses traditionnelles. Le premier prévoit d’autoriser la capture de plus de 100000 alouettes des champs à l’aide de pantes (filets) et de matoles (cages tombantes) dans 4 départements du Sud-Ouest (33, 40, 47 et 64). Le second permettrait aux pratiquant de la tenderie d’étrangler plus de 7000 oiseaux avec des nœuds coulants dans les Ardennes.

Au nom de soi-disant traditions…

Pour que ces pratiques cruelles appartiennent enfin au passé, nous vous invitons à répondre défavorablement à ces consultations.

Vous trouverez ci-dessous chaque lien vers les 4 consultations, ainsi que des éléments de compréhension et de réponse dont vous pourrez vous inspirer. Chaque témoignage doit être personnel. La consultation se termine le 28 juin.

Merci 4 fois pour votre mobilisation !

1 / la suspension de la chasse du Courlis cendré

En raison du déclin prononcé de sa population (-43% depuis 1980 en Europe, -68% depuis 2001 en France), l’espèce est aussi classée dans la catégorie « Vulnérable » de la liste des espèces menacées de disparition de l’UICN en Europe. Le plan d’action international pour la conservation de la population européenne de Courlis cendré demande à la France depuis 2015 de mettre en place une gestion adaptative des prélèvements de cette espèce menacée. A défaut, le plan international recommande à la France d’appliquer un moratoire total sur la chasse du Courlis cendré. Le comité d’experts sur la gestion adaptative crée en 2019,  dans son avis, préconise un arrêt de la chasse de cette espèce menacée d’autant que qu’il n’y aucune donnée qui permette d’apprécier l’origine et l’âge des individus prélevés, ainsi que sur les tableaux de prélèvements annuels du courlis (obligatoires pour tous les limicoles chassés sur le domaine public maritime. En juillet 2019, le ministère a autorisé un quota de chasse de 6000 courlis que la LPO a aussitôt contesté avec succès devant le Conseil d’Etat. L’arrêté fut suspendu le 26/08/19 avant d’être annulé le 17/12/2020 confirmant que le quota devait être de zéro individu chassé. Depuis, le MTES a pris un moratoire suspendant la chasse du courlis cendré pour la saison 2020-2021 qu’il propose de reconduire en 2021-2022.

Le Courlis cendré est un limicole très sensible à la chasse (espèce longévive à maturité sexuelle tardive et faible fécondité). La France est ainsi le dernier pays d’Europe a encore chasser cette espèce. Les efforts des pays européens d’où sont originaires une partie de nos hivernants (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Scandinavie et Pologne) pour tenter de redresser le succès reproducteur de leurs populations, altéré par la destruction/dégradation de leurs habitats, ne peuvent être ainsi piétinés : l’espèce se porte mal en Europe, nous ne pouvons continuer de chasser le Courlis cendré !

La LPO recommande donc approuver le moratoire suspendant la chasse du courlis sur tout le territoire mais demander que sa durée soit portée à 3 ans au lieu d’1 an.

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2 / La suspension de la chasse de la Barge à queue noire

En raison du déclin prononcé de la sous-espèce continentale de Barge à queue noire (Limosa limosa), l’ensemble des pays de la voie de migration se sont engagés dans le plan international d’action de l’AEWA, reconduit en décembre 2018 pour une période de 10 ans (soit jusqu’en 2028), à ne plus ni chasser la sous-espèce continentale, ni la sous-espèce islandaise (L. l. islandica) de Barge à queue noire. Le Comité d’expert, dans son avis de mai 2019, donne une possibilité aux chasseurs de prélever 300 individus de la sous-espèce islandaise en limitant la période d’ouverture de la chasse à novembre décembre pour minimiser le risque de prélever des individus de la sous-espèce continentale. Le ministère, selon ses obligations internationales, a préféré renouveler d’un an le moratoire sur la chasse de l’espèce juste pour avoir le temps de renégocier son engagement à l’international. Ceci n’est pas assez : le moratoire doit être reconduit sur une durée minimale de 3 ans. Les dernières saisons de reproduction de la Barge à queue noire en Islande ne sont pas rassurantes pour la population qui pourrait suivre le déclin de la population continentale. Les pressions et menaces que connaissent les limicoles prairiaux en Europe commencent à sévir également en Islande. Cette population qui a fortement progressé en profitant du changement climatique ne semble plus dans la même dynamique.

Au vu du plan d’action AEWA qui  interdit sa chasse de 2018 à 2028, c’est donc un moratoire de 3 ans à minima (et non 1 an) qu’il faut instaurer pour ne pas nuire à la conservation de l’espèce.

Dites : « OUI MAIS 3 ANS OU 5 ANS» au projet d’arrêté suspendant la chasse de la Barge à queue noire pour une seule année

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3/ la chasse aux pantes et matoles des alouettes dans 4 départements du Sud-Ouest

Sous prétexte de « traditions », le Ministère de la transition écologique et solidaire veut, comme les années précédentes, et dans les mêmes modalités et proportions, autoriser des pratiques cruelles de piégeage de centaines de milliers d’oiseaux.

  • La chasse aux pantes consiste à capturer l’Alouette des champs à l’aide de grands filets horizontaux (pantes) disposés au sol et déclenchés au moment opportun par un chasseur qui l’attire grâce à un appelant maintenu « au noir » pendant plusieurs jours.
  • La chasse à la matole consiste à capturer l’Alouette des champs à l’aide de petites cages tombantes (matoles) disposées au sol. (Technique également utilisée pour le braconnage des ortolans et des pinsons.)

Ces chasses sont dites « traditionnelles » car elles dérogent aux directives européennes. Elles datent d’une période où les populations rurales avaient besoin de se nourrir de protéines animales à bon compte. Ce n’est plus justifié aujourd’hui. D’autant que le piégeage est difficilement contrôlable,  les pratiques cruelles et les pièges pas toujours sélectifs.

Le Ministère veut autoriser la capture de 106 285 alouettes aux pantes et matoles qui s’ajouteront aux 180 000 déjà chassées au fusil chaque année, alors que cette espèce est en déclin continuel en France (déclin de 33% des nicheurs entre 1989 et 2015[1] et déclin de 46% des hivernants entre 1996 et 2017[2]) et en Europe (déclin de 56% des nicheurs entre 1980 et 2015[3]).

De plus, les matoles, ces cages grillagées qui ont servi trop longtemps à capturer des bruants ortolans à fin de l’été, ne sont pas sélectives puisque d’autres espèces comme les pinsons, les verdiers, les chardonnerets et bien d’autres se font prendre et restent souvent des heures prisonnières. Certains oiseaux pourtant officiellement protégés sont blessés ou meurent ou servent à alimenter un trafic de passereaux en forte expansion ces dernières années.

Enfin, la LPO a déposé des recours en septembre dernier contre les précédents arrêtés 2020 sur les pantes et matoles qui doivent faire l’objet d’une décision du Conseil d’Etat prochainement. Pourquoi le ministère n’attend-il pas cette décision puisque ces chasses se pratiquant à l’automne, il n’y avait aucune urgence.

En conclusion, la LPO vous invite à répondre défavorablement à cette consultation publique en disant NON à la pratique de la chasse aux alouettes aux pantes et matoles dans le sud-ouest. 

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4/ la tenderie dans les Ardennes

La tenderie aux vanneaux

En France, pays qui abrite environ 70% des hivernants d’Europe, la tendance des populations nicheuses (-33% sur 1989-2015) et hivernantes (-48% sur 2000-2017) est alarmante. 1200 vanneaux ainsi que 30 pluviers dorés seraient prélevés à l’aide du piégeage au filet rabattant pour la saison 2021-2022 selon l’arrêté projeté.

La tenderie aux lacets

Le projet d’arrêté ministériel prévoit d’autoriser la capture de 5800 grives et merles aux tenderies dans ce département. La tenderie aux Grives et aux Merles noirs consiste à accrocher à un arbre un piège à lac (lacet à nœud coulissant) sur lequel sont disposées des baies pour attirer l’oiseau.

Malgré les affirmations du Ministère et des chasseurs, la sélectivité de ces pièges est impossible. Rien ne garantit en effet que d’autres espèces non ciblées, attirées par les baies, ne se retrouvent pas également prises au piège et la nature même du piège empêche tout relâcher d’une espèce non ciblée et potentiellement protégée, puisque la technique consiste à étrangler l’oiseau. La tenderie au brancher est donc non sélective.

En cela elle est contraire au droit européen et l’Etat le sait parfaitement puisque l’arrêté ministériel du 17 août 1989 encadrant ce mode de chasse prévoit que « Tout gibier autre que les grives et merles pris accidentellement dans une tenderie est déclaré dans les vingt-quatre heures » – et non pas « relâché » – à l’ONF ou à la fédération des chasseurs ».

En conclusion, la LPO vous invite à répondre défavorablement à cette consultation publique en disant NON à la pratique des tenderies aux vanneaux, pluviers, grives et merles dans les Ardennes.

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Source : www.lpo.fr

Barges à queue noire © Alain Bloquet